Cela fait des décennies que nous connaissons tous de quel poids pèsent l’Adamaoua, le Nord et surtout l’Extrême-Nord en termes de démographie électorale.
Selon certaines statistiques, la région de l’Extrême-Nord à elle seule constitue le tiers des électeurs de l’électorat camerounais. Et tous les stratèges le savent : qui conquiert le « septentrion » est quasiment assuré de sortir victorieux des urnes.
Le RDPC, parti dominant, l’a si bien compris que depuis des décennies, il porte une attention particulière à ce que tout le monde appelle le « Grand Nord ».
C’est ce « Grand Nord » qui est aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises.
La perspective des échéances électorales de 2025, la présidentielle notamment, a fait de cette partie du pays un terrain qui cristallise les luttes de pouvoir entre partisans et adversaires du gouvernement en place.
Dans un post rendu public il y a quelques jours, Mamadou Mota, un membre du MRC pour le moment, reprend cette vision à son compte, dans un message qu’il adresse à « ses frères et sœurs du septentrion ».
En substance, M. Mamadou Mota rappelle aux destinataires de sa missive qu’il est un des leurs, qu’il a la confiance du président de son parti et que la preuve c’est sa nomination par le Pr. Maurice Kamto au « prestigieux poste de Premier vice-président national » du MRC, selon ses propres termes.
Il leur rappelle également que le Pr. Maurice Kamto est allé, non pas dans le cadre de ses obligations d’enseignant, mais par amour pour le « Septentrion » former la jeunesse en Sciences Juridiques.
Le président du MRC poursuit-il, connaît mieux cette partie du pays que les natifs qui occupent des postes de responsabilités au sein de l’actuel gouvernement.
Mamadou Mota présente dans la foulée le chef de son parti comme celui qui a accompli de grandes œuvres sociales en faveur des populations de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême Nord.
Avant de terminer sa missive par une invite à ses frères et sœurs du « septentrion » à le suivre dans son soutien à Maurice Kamto dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, le Premier vice-président du MRC rappelle aux siens le « sort terrible » que le Président Paul Biya aurait réservé aux dépouilles de l’ancien président Amadou Ahidjo, et de Germaine Habiba Ahidjo, son épouse.
Tout en reconnaissant à Mamadou Mota comme d’ailleurs à tous les Camerounais le droit de militer pour la formation politique de son choix, et donc de professer sa foi politique pour conquérir les potentiels électeurs pour le compte de son champion, nous nous permettons de souligner quelque chose qui saute aux yeux et qui revient dans les messages de conquête de tous les acteurs politiques de l’opposition en direction du « Grand Nord »
Dans ce cas-ci comme dans beaucoup d’autres déclarations que l’on entend çà et là de la part des acteurs politiques, c’est le discours infantilisant.
À chaque fois qu’il s’agit de convaincre les populations du Grand Nord, les locuteurs avancent des arguments qui évoquent tout sauf leurs projets de société qui est pourtant le seul critère objectif devant dicter le choix des électeurs.
Dans leur quête légitime de bien-être, les populations des trois régions septentrionales sont travailleuses et ont acquis au fil du temps, n’en déplaise à certains, une maturité intellectuelle et politique. Elles savent ce qui est bon pour elles et pour leurs enfants. Elles ne demandent l’aumône de la part de qui que ce soit.
Bien au contraire, au nom du contrat républicain, ces hommes et ces femmes ont besoin de connaître le projet de société que ceux qui sollicitent leurs suffrages proposent.
Mamadou Mota devrait le savoir.
Tout comme il devrait comprendre que brandir son appartenance à cette aire géographique ne suffira pas à susciter l’empathie pour sa formation politique et son champion, tout comme instrumentaliser la gestion du dossier de l’ancien président Ahidjo ne suffira non plus à pousser cette partie du pays à une révolte dans les urnes.
Contrairement aux fausses allégations de M. Mota, force est de souligner que la famille de feu le président Ahidjo a toujours trouvé une oreille attentive auprès du président Paul Biya, qui n’hésite pas à lui apporter son soutien multiforme. Fidèle à son humanisme, le chef de l’Etat a récemment apporté un appui à la famille Ahidjo, suite à la disparition de Madame Germaine Habiba Ahidjo. Cette importante attention m’a permis personnellement d’accompagner ma défunte mère durant sa maladie jusqu’aux obsèques et à son repos éternel. Je suis infiniment reconnaissante au président de la République.
L’histoire récente nous rappelle que l’éclatement en trois de l’ancienne province du Nord a rapproché l’administration des administrés et simplifié bien des choses dans le quotidien des populations locales, mais aussi a permis de réaliser des investissements publics conséquents.
C’est une œuvre collective réalisée par l’ensemble des fils de ce pays sans distinction aucune. Les populations du Grand Nord demeurent et restent reconnaissantes au gouvernement. Cela se traduit et se traduira toujours dans les urnes. A l’instar de nos concitoyens de toutes les autres régions du Cameroun, les populations du Grand Nord sont en droit de s’attendre légitimement à d’autres réalisations et à un avenir davantage radieux sous l’action éclairée du président Paul Biya qui a toujours placé les préoccupations de ses compatriotes au centre de sa gouvernance.
Les hommes politiques doivent comprendre que le Septentrion est loin d’être un troupeau de moutons de Panurge que l’on prend par les sentiments et qu’on manipule.
De ce point de vue, il est important de dire aux Camerounais et notamment aux populations du Grand Nord que l’idée de création d’une université dans le Nord n’a jamais figuré dans le programme de M. Kamto. Tout au contraire, cette université a pu voir le jour grâce à la volonté politique du président Paul Biya, toujours soucieux de la formation de la jeunesse camerounaise, conformément à sa nouvelle gouvernance universitaire.
Ceci dit, chacun des fils et filles de cette partie du pays est en mesure de décider de son orientation politique et électorale.
Comme toutes les autres parties du pays, le Grand Nord sait et connaît le bonheur qu’il doit au président Paul Biya tout comme il n’a besoin de personne pour lui rappeler ce que fut pour lui le défunt président Ahidjo dont il demande le respect de la mémoire et interdit toute récupération à des fins électoralistes.
L’Adamaoua, le Nord et l’Extrême Nord ont soif de développement et rêvent de voir émerger un personnel politique, véritable force de propositions pour les aider à réaliser leur rêve commun de prospérité.
Aminatou AHIDJO
Presidente du Conseil d’administration du Palais des Congrès de Yaoundé