Il s’agit de la promotion d’étudiants qui voulait porter le nom de Amougou Belinga. Accusée d' »indiscipline collective caractérisée », cette promotion a été temporairement privée d’enseignements. Une décision prise ce lundi par le Directeur de l’école, Pr. François Marc Modzom.
Campus de l’Esstic, ce jeudi 16 avril 2024. Il est un peu plus de 11 heures, la salle de classe des étudiants de deuxième année Journalisme reste fermée. Depuis le matin, les étudiants arrivent et remettent chacun, au délégué de classe, une lettre d’engagement signée par lui-même ainsi par son parent officiel. Il s’agit là, de la condition à remplir par ces étudiants pour pouvoir poursuivre la formation au sein de cette école.
Dans un communiqué rendu public lundi, le Directeur de l’institution Pr François Marc Modzom, a décidé de suspendre les enseignements dans cette salle de journalisme 2eme année, tout au moins pour la journée du 15 avril. Une décision qui siffle la fin de la récréation dans cette classe accusée, d’«indiscipline collective caractérisée ». « Lundi, personne n’était au courant de rien. C’est pendant la cérémonie de levée des couleurs que le Directeur lui même fait l’annonce, nous demandant de rentrer. Les gardiens sont allés fermer la salle », confie un étudiant de cette promotion. Une annonce que certains ont eu du mal à digérer. « Si certains étaient fiers de rentrer chez eux, d’autres étaient par contre inconsolables, comme si on leur avait annoncé la mort d’un proche», relate un étudiant de Troisième Année Journalisme.
Agglutinés ce jour sur le flanc gauche du bâtiment D, ces étudiants ne comprennent pas pourquoi la salle reste infranchissable. « On se concerte ici pour trouver ensemble ce qu’il y a lieu de faire. Il s’agit surtout de chercher des solutions collectives pour améliorer nos comportements afin de ne plus nous attirer les foudres de l’administration et des enseignants », explique un autre élève qui a requis l’anonymat.
« Indiscipline collective caractérisée »
Dans son communiqué, le Directeur de l’Esstic déplore le comportement ses élèves en trois mots. «indiscipline collective caractérisée ». Mais il ne s’agit là que d’une formule astreinte à une décence reconnue à la rhétorique administrative. Les faits reprochés à ces étudiants sont bien plus graves. Selon des sources proches, la 53e Promotion des journalistes de l’Esstic est blâmée en général pour raisons de déviances et de défiance.
Ce maux vont de l’insouciance et l’ incompétence, en passant par le viol et le vol, jusqu’aux attouchements sexuels en plein cours, envoûtement des garçons par les filles, maraboutage, et des pratiques de sorcellerie. Et ce n’est pas tout. L’on parle également de la propagation de fausses nouvelles et de simulation de deuil.
« Ily a quelques jours, une fille de cette classe a dit à ses camarades qu’elle est morte, se faisant passer pour l’un de ses parents. Ce jour-là, ses camarades étaient si attristés, qu’en plein rassemblement ils pleuraient. Après quelques temps, la « morte » est apparue , toute souriante, demandant à ses camarades « donc c’est comme ça que vous m’aimez? Moi je blaguais ». Ça c’était la goutte d’eau qui a débordé le vase», estime une ancienne étudiante de cette école. Mais d’autres sources croient détenir le petit biscuit qui a fait sortir François Marc Modzom de sa réserve.
« Nous apprenons d’une source que l’affaire a débuté le 1er avril dernier. Le téléphone (iPhone XR) d’une étudiante a été volé. Sous les conseils de sa camarade, elle est allée voir un imam qui aurait désigné la présumée voleuse. Le téléphone a ainsi été retrouvé le 9 avril et depuis lors, la jeune femme qui a remis l’appareil est victime d’insultes de ses camarades au point où cela a failli ces derniers jours, occasionner une bagarre », écrit notre confrère Griote sur sa page Facebook.
Zomloa des Zomloa, stars et clashs
Pour ceux qui l’auraient oublié, la 53e Promotion des journalistes de l’Esstic, est une promotion particulière. Remplie dès le départ de grands noms déjà bien connus dans l’univers de la presse camerounaise, comme Bruno Bidjang qui venait de Vision 4, Vincent de Paul Mebara en service à Crtv-Centre, ou Jacques Cyriaque BESSE de Crtv-sports, cette promotion voulait porter le nom de Amougou Belinga. Mais suite à une indignation qui s’est emparée de l’opinion nationale, l’administration de l’Esstic, à l’époque entre les mains du Pr Alice NGA MINKALA, a suspendu jusqu’à nouvel ordre, toute activité de parrainage au sein de l’école.
Dans la suite des évènements, le célèbre journaliste Bruno Bidjang a jugé utile d’abréger son séjour à l’Esstic. Mais le navire ne s’est pas stabilisé. Ces étudiants se sont forgés au sein de l’école, une réputation d’insoumis et de délinquance, avec des rapports qui n’ont rien à voir avec la camaraderie, se donnant parfois les coups au dessous de la ceinture. La preuve, Jacques Cyriaque BESSE qui avait été élu président de Promotion a cru bon de démissionner de ses fonctions. Ses camarades parlent d’un mépris dont il disait être victime de la part de ses pairs.
Si jusqu’aujourd’hui l’état les mentalités de ces apprenants n’ont pas changés, les hommes eux, ils ont changé à la tête de l’école. Avec l’arrivée de François Marc Modzom, l’homme réputé d’une rigueur de incorruptible, les choses doivent changer. L’ordre doit régner par tous les moyens.