Le 3 mai 2024, s’est tenu à Yaoundé, au Cameroun, un forum de grande envergure sur la vulgarisation des énergies. Le forum a réuni des experts, des représentants du secteur privé, des organisations de la société civile et d’autres acteurs clés, qui ont discuté des meilleures pratiques, des technologies émergentes et des opportunités de financement pour la promotion des énergies renouvelables.
Dans son discours d’ouverture, le Ministre de l’eau et de l’énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba a mis en évidence les défis auxquels le Cameroun est confronté en matière d’approvisionnement énergétique, notamment la dépendance excessive aux combustibles fossiles, les coûts élevés de l’énergie et les conséquences du changement climatique. Il a souligné que la transition vers des sources d’énergie propres et durables était essentielle pour assurer la sécurité énergétique, stimuler le développement économique et lutter contre le réchauffement climatique.
Le Minee a rappelé les initiatives déjà entreprises par le gouvernement camerounais pour promouvoir les énergies renouvelables, telles que la politique nationale de développement des énergies renouvelables et les plans visant à augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. Il a souligné que malgré ces efforts, il reste encore beaucoup à faire pour accélérer la transition énergétique du Cameroun.
Gaston Eloundou Essomba a encouragé tous les participants à partager leurs connaissances, leurs idées et leurs expériences afin de renforcer la collaboration et de trouver des solutions concrètes pour accélérer la transition énergétique. Il a également souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation du public sur les avantages des énergies renouvelables, ainsi que sur les mesures que chacun peut prendre pour réduire sa propre empreinte carbone. Il a appelé à une mobilisation collective de tous les acteurs, y compris les citoyens, les entreprises et les institutions, pour promouvoir et adopter les énergies renouvelables dans tous les aspects de la vie quotidienne.
Le Cameroun se positionne comme un acteur majeur dans la promotion des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire photovoltaïque. Le pays dispose d’un potentiel solaire abondant sur l’ensemble de son territoire, ce qui en fait une ressource précieuse pour répondre aux besoins énergétiques de sa population.
Le programme de promotion de l’énergie solaire photovoltaïque au Cameroun se décline en quatre composantes stratégiques. Tout d’abord, la composante hors réseau (OFF-GRID) vise à fournir de l’électricité aux zones rurales grâce à des mini-centrales solaires photovoltaïques autonomes. Cette composante est en cours de structuration afin de faciliter son déploiement par les professionnels et d’assurer un accès universel à l’énergie.
Ensuite, la deuxième composante du programme concerne la production centralisée (ON-GRID) et a déjà permis la construction de deux centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 36 mégawatts-crêtes. Ces installations, situées à Maroua et Guider, ont déjà injecté 65 600 mégawattheures dans le réseau interconnecté nord du pays.
La troisième composante du programme, connue sous le nom de « Solar Home System », implique la participation d’acteurs privés qui ont déjà installé près de 100 000 systèmes solaires domestiques. Cela permet aux ménages de bénéficier d’une source d’électricité propre et durable.
Enfin, le Cameroun envisage de mettre en place une quatrième composante appelée « Solar Net Metering ». Ce système novateur permettra aux consommateurs de compenser partiellement leur consommation d’électricité en injectant l’excédent d’énergie solaire produite dans le réseau électrique conventionnel. Cela favorisera l’autoconsommation et encouragera la production d’énergie solaire.
La décision du président de la République d’intégrer l’Alliance Solaire Internationale (ASI) a ouvert de nouvelles perspectives pour le Cameroun. Le pays a obtenu l’accord de l’ASI pour la mise en place d’un Centre de Ressources sur les Applications des Technologies Solaires (STAR-C), faisant ainsi partie des premiers pays à bénéficier de ce programme. Le STAR-C a pour objectif de développer les capacités techniques et les compétences humaines nécessaires pour favoriser la transition énergétique, créer des emplois et contribuer à la croissance économique du pays.
Le gouvernement camerounais met également l’accent sur la formation des ressources humaines en créant des départements d’énergie renouvelable dans les universités d’État. Cette initiative vise à garantir une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine des énergies renouvelables.
Des efforts sont également déployés pour faciliter la collaboration et le partage d’expériences entre les acteurs du secteur. Un cadre national de concertation permanent sur les questions d’énergies renouvelables sera prochainement mis en place avec l’assistance technique du Bureau des Nations Unies pour les Services d’appui aux Projets (UNOPS).
Cependant, des défis restent à relever, notamment sur les plans technologique, normatif et législatif. Ainsi, le Cameroun envisage la révision de sa législation actuelle sur l’électricité pour accorder une place prépondérante aux énergies renouvelables. Des actes règlementaires seront également mis en place pour encadrer et faciliter les activités liées aux systèmes électriques décentralisés.
Ce forum sur les énergies renouvelables permettra d’évaluer les progrès réalisés et de formuler des propositions concrètes pour améliorer les politiques publiques dans ce domaine. L’objectif est de rendre les énergies renouvelables plus attrayantes pour les opérateurs privés et de favoriser leur vulgarisation et leur adoption par les populations, tant en milieu rural qu’urbain.
Réaction
« L’objectif premier de ce forum était de sensibiliser tous les acteurs sur l’importance des énergies renouvelables et principalement le solaire. L’objectif de notre pays dans le secteur de l’électricité est d’atteindre un taux de réussite d’électrification de 100% à l’horizon 2030. Quand on regarde on fait un état des lieux aujourd’hui, nous avons au moins un taux de 40% dans les zones rurales avec encore des disparités même au sein des zones rurales. Il y’a encore un effort à faire au sein des zones rurales. Mais que va faire le gouvernement pour apporter de l’électricité à tous ces gens, toutes ces populations qui sont dans les zones les plus éloignées? C’est ça la plus grande question à laquelle il faudra trouver la réponse. Donc à partir des sources conventionnelles d’hydroélectricité qui est issue des grands barrages, il y’a la problématique de transport de cette énergie vers les zones rurales. Alors pour résoudre ce problème, la seule alternative aujourd’hui c’est l’énergie renouvelable, c’est le solaire photovoltaïque, à travers des centrales solaires qui sont isolées. Donc il revient donc aujourd’hui que la solution pour répondre à cet objectif de 100% du taux d’électrification, elle réside au niveau du solaire. Elle réside au niveau des énergies renouvelables. Nous sommes aujourd’hui entrain d’évoluer dans ce sens là. Vous voyez bien que nous sommes déjà à 360 mini centrales solaires qui sont déjà installées. Il y’a d’autres opérateurs privés aujourd’hui qui développent des solutions autonomes. Nous voulons donc qu’il y ait une synergie d’actions afin qu’on regarde tous vers la même direction et sur le plan réglementaire, le Chef de l’Etat vient d’instruire qu’on révise la loi sur le secteur de l’électricité en accordant une place de choix aux énergies renouvelables. Vous avez donc vu un certain nombre d’ intervenants ici pour voir à quel niveau se trouve la technologie, pour voir au niveau local les solutions qui deviennent de plus en en plus endogènes avec les opérateurs économiques qui s’investissent, et il y’a un plaidoyer pour que le secteur bancaire s’intéresse de plus en plus à ce secteur d’activité, et qui devrait booster notre économie. Parceque l’énergie est un vecteur de croissance quelque soit le milieu dans lequel on se trouve. »
Gaston Eloundou Essomba, Ministre de l’Eau et de l’Energie, Forum sur la vulgarisation des énergies renouvelables au Cameroun, Yaoundé le 5 Mai 2024.