“J’ai l’honneur” … Quelques mots d’une phrase inachevée, mais dont l’idée est on ne peut plus entière et surtout claire dans l’esprit de tout militaire. Bien avant l’entame de sa formation initiale, le postulant à la défense de notre pays est préalablement mis au courant des exigences et des vicissitudes du métier des armes.
Il sait ainsi qu’il devra servir avec Honneur et Fidélité, en tout temps et en toutes circonstances, partout où le devoir le lui commandera.
J’ai l’honneur… Une allégeance solennelle et exclusive au drapeau de la République, incarnation la plus aboutie à la fois des Institutions et du territoire national. Au cours de la formation, la présentation de la recrue à l’étendard est une étape hautement symbolique, en ce qu’elle confère la valeur de serment irrévocable à l’engagement jusqu’alors écrit du désormais soldat.
J’ai l’honneur… Un engagement irrévocable et non discriminant au service du Peuple, dans toutes ses diversités tribales et sociales. Dès l’instant où la recrue appose sa signature au bas du document l’instruisant sur la nature de son emploi, son employeur, ses devoirs et droits, il s’engage à faire abstraction des particularismes grégaires, au profit de l’intérêt national, ce dernier étant le seul garant des intérêts partitifs. L’inverse n’étant ni utile ni propice à l’Unité de notre Nation. L’expérience pratique le démontre d’ailleurs, que c’est la Nation qui peut le mieux défendre la tribu.
Au titre de Creuset de l’Unité Nationale, ce qui confère un statut et des responsabilités à assumer, l’armée camerounaise n’est pas qu’une simple juxtaposition des tribalités locales, mais une fusion de leurs essences, convictions et logiques, fusion réalisée par la nature, une histoire, un sentiment et une aspiration communément partagés.
Les matériels, les équipements et autres attributs dédiés à la fonction militaire ne sauraient dès lors contribuer à l’expression d’allégeances partisanes ou factionnelles, au risque de générer des lignes de fracture débouchant très souvent sur l’implosion de l’armée, et partant, de la société dans son ensemble. Parce que nul ne peut être fidèle à deux maîtres à la fois.
Pour autant, et loin d’induire un reniement de ses attaches originelles, culturelles ou cultuelles, l’appartenance à l’armée et le prestige qui en découle permet au contraire à chaque personnel, de consolider son ancrage dans son giron, tant que cela reste conforme aux termes de la réglementation en vigueur.
Au reste, des dérives comportementales d’apparition récente, mais de plus en plus récurrentes signalées dans la société, sont la conséquence directe de discours pernicieux tenus aussi bien en privé que dans l’espace public, par des acteurs se prévalant d’une certaine influence. Une dangereuse irresponsabilité, car susceptible de provoquer le chaos dont personne ne sera préservé.
Pour le bonheur de nous tous, il est plus judicieux de rendre à César ce qui est à César… Sans amalgame./-
Capitaine de Vaisseau ATONFACK GUEMO
Chef de Division de la Communication – MINDEF