Le 11 novembre 1989, lorsque tombe le Mur de Berlin, l’Allemagne jusqu’alors militairement occupée, idéologiquement fracturée et physiquement divisée, recouvre sa souveraineté et son unité. Un peu partout sur le monde, le vent de l’Est soulevé par l’effondrement du totalitarisme sur le continent européen aura entre autres effets bénéfiques, de consacrer le multipartisme démocratique comme système politique, en même temps que s’accentuait la conscience souverainiste des peuples.
Longtemps forcés de suivre des trajectoires définies par les hégémonies étrangères, occupés à combattre des séditions très souvent téléguidées, nos États pouvaient enfin s’atteler sans entraves à leur mission cardinale de développement économique et de bien-être de leurs populations, tirant pour cela parti de la multitude des opportunités offertes par la diversification des partenariats. L’éloignement du spectre d’une autre grande guerre, l’extinction des foyers insurrectionnels et la liberté du commerce international permettaient en effet d’entrevoir une longue période de prospérité.
Mais, d’une manière assez inattendue, l’optimisme ambiant entretenu par l’ouverture démocratique et la mondialisation des échanges va être contrarié au plan global, par la résurgence des antagonismes liés aux ambitions de géodominance. Situation qui se traduit au plan local, par une prolifération de foyers d’insécurité de nature identitaire. Quand ce ne sont pas d’obscurs illuminés qui terrorisent les populations au nom d’une pureté religieuse brouillonne, impitoyable et assassine, l’on a affaire à des velléités de séparatismes que ni la prétention, ni les méthodes ne justifient.
Le comburant commun à ces deux prétextes de violences aveugles reste et demeure l’immodération du discours public de plus en plus vecteur d’idées de différenciations, voire de dissociations, adossées sur l’obédience politique et l’origine tribale. Un mélange explosif de subjectivités ostracisantes, totalement non viable et définitivement indésirable pour toute nation quelque peu soucieuse de sa survie et de son épanouissement. Les actuels tiraillements et les chambardements qui ne manqueront pas d’en découler devraient inciter nos peuples à davantage d’unité et de solidarité, plutôt que de se lancer dans cette entreprise d’autodestruction qu’est la posture du chacun pour soi.
D’ailleurs, le mouvement global est à la reconstruction de grands ensembles régionaux, continentaux et transcontinentaux, les seuls à pouvoir suffisamment peser sur la balance des interactions géopolitiques et géostratégiques. Les guéguerres tribales, la fragilisation des institutions, l’émiettement de nos États sont dès lors, des chemins dangereux menant vers la pire des catastrophes qui nous est promise. Il s’agit de la réoccupation de nos territoires, la recolonisation de nos peuples, en vue de l’accaparement de nos ressources. Cela se proclame assez sur tous les toits et tous les tons, pour que nous invoquions demain, l’excuse de la surprise.
A nous de rester dans la dynamique émancipatrice et unitaire du vent de l’Est. /-
Capitaine de Vaisseau
ATONFACK GUEMO
Chef de Division de la
Communication – MINDEF